Programme d'Emmanuel Macron : les propositions sur le nucléaire et les renouvelables à la loupe

Emmanuel Macron a présenté son programme le 2 mars. Celui-ci contient des engagements en matière d'énergie et l'environnement, notamment :
  • La baisse de la part du nucléaire à 50% du mix électrique en 2025,
  • La fermeture des dernières centrales à charbon françaises d'ici à 2022,
  • Le doublement des capacités éoliennes et solaires d'ici à 2022.
Toutes ces propositions sont en fait la reprise d'engagements actés par le gouvernement actuel : la baisse du nucléaire à 50% figure dans la loi sur la transition énergétique de 2015, la fermeture des centrales à charbon a été annoncée par François Hollande pendant la COP22 et le doublement des capacités éoliennes et solaires est plutôt un recul par rapport aux objectifs affichés en 2016.
Il n’empêche que, pris simultanément, ces trois engagements dessinent assez clairement l'évolution du mix électrique français pour les prochaines années. Il est d'autant plus intéressant de s'y arrêter que ce programme est à peu de choses près commun à tous les candidats de la gauche et du centre.

> Lire aussi : Marine Le Pen vs. Emmanuel Macron : Comparaison des programmes énergie et climat



Doubler la taille du parc éolien et photovoltaïque en 2022


En 2016, la France était équipée de 11.7GW d'éolien et 6.8GW de solaire. L'engagement d'Emmanuel Macron nous placerait donc à 23.3GW d'éolien et 14.5GW de solaire en 2022.

évolution du parc solaire PV et éolien dans le programme de Macron

Cela représenterait approximativement la poursuite du rythme de croissance actuel : pendant le quinquennat de François Hollande, le parc éolien a progressé de 81% et le parc solaire de 112%.

Si ces objectifs sont atteints et en supposant que le facteur de charge reste le même, la France produira 47.6TWh d'électricité éolienne et 16.5TWh d'électricité solaire en 2022. Pour comparaison cela resterait beaucoup moins que ce que l'Allemagne fait aujourd’hui , respectivement : 67.4TWh et 38.2TWh.


A la recherche des térawattheures perdus


Dans le même temps, Emmanuel Macron promet de fermer les 5 dernières centrales à charbon françaises (qui produisaient 7TWh en 2016) et de mettre la France sur la voie d'un mix à 50% nucléaire en 2025.
Comme je l'ai déjà détaillé dans un article précédent, parvenir à 50% de nucléaire en 2025 implique, dans un scénario médian, de réduire le parc français de 63GW aujourd'hui à 35GW. Si cette décroissance est régulière, la puissance nucléaire disponible en 2022 devrait être de 45.6GW pour une production de l'ordre de 280TWh (contre 384 en 2016 où la production a été amputée par de nombreuses indisponibilités et 416 en 2015).

En résumé, en 5 ans, nous gagnerions une trentaine de térawattheures de renouvelables et nous perdrions une centaine de térawattheures de nucléaire et de thermique. Question anodine : comment combler ce déficit ?


Quel mix électrique en 2022 ?


Une chose est claire : les tendance actuelles en termes de croissance des renouvelables ne suffisent pas à combler le vide que laisserait la baisse du nucléaire à 50% en 2025.

Si on souhaite maintenir la production d'électricité française à son niveau actuel, il manque entre 70 et 90TWh en 2022.
Même en prenant des hypothèses optimistes sur la consommation avec une trajectoire qui conduit à 400TWh en 2025 et permet une baisse de 9% de la production électrique française entre 2016 et 2022, il reste encore 30 à 50TWh à trouver pour équilibrer le mix électrique français à la fin du prochain quinquennat.

Evolution du mix électrique français dans la cadre du programme d'Emmanuel Macron

Cette question n'est malheureusement pas abordée ni par Emmanuel Macron, ni par les autres candidats qui reprennent à leur compte l'objectif bien mal conçu de 50% de nucléaire en 2025. Ce non-dit fait peser un doute sérieux sur la crédibilité de leurs engagements.

Les données utilisées dans cet article proviennent de l'excellent site RTE Opendata. Tous les chiffres et les calculs sont accessibles ici.

Publié le 2 mars 2017 par Thibault Laconde




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3 commentaires :

  1. "En résumé, en 5 ans, nous gagnerions une trentaine de térawattheures de renouvelables et nous perdrions une centaine de térawattheures de nucléaire et de thermique. Question anodine : comment combler ce déficit ?"

    C'est bien pire que ça : les Wh solaires et éoliens ne peuvent se substituer aux Wh nucléaire que s'ils sont intégralement stockable pour pouvoir être utilisés au moment où on en a besoin !

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    1. Non, c'est plus compliqué que ça : certains MWh nucléaires peuvent ne pas être remplacés (ceux que nous écoulons à bas prix chez nos voisins par exemple), la production peut être en partie modulée, la consommation aussi, etc.

      Vu les volumes dont on parle (de l'ordre de 5% de la production actuelle), on peut considére qu'un MWh est un MWh : l'integration au réseau ne pose pas de gros problèmes même sans stockage,

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  2. parfait mais les objectifs sont encore loin .

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